Antisémitisme, violences conjugales, agressions sur mineurs : des candidats RN désinvestis

Antisémitisme, violences conjugales, agressions sur mineurs : des candidats RN désinvestis

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© SEBASTIEN BOZON / AFP

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Par Clothilde Bru

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Le passé de certains candidats ne passe pas.

Propos racistes, antisémites, condamnation pour violences conjugales ou agressions sexuelles sur mineur : plusieurs candidats du Rassemblement national (RN) aux élections départementales ou régionales, en Nouvelle-Aquitaine ou dans les Ardennes se sont vu retirer ces derniers jours leur investiture par le parti de Marine Le Pen.

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“Après avoir pris connaissance des propos ignobles tenus par madame Marta Le Nair, candidate sur le canton Bordeaux 5”, le RN de Gironde “a décidé, en accord avec la direction nationale, de retirer son soutien à cette candidate et de la suspendre du Rassemblement national”, a indiqué vendredi 4 juin dans un communiqué le RN de Gironde.

Des propos publiés sur le compte Facebook de la candidate, datant de 2015 et 2020, avaient été rapportés la veille, avec les captures d’écran, sur Twitter par Matthieu Rouveyre, directeur de campagne du président PS de Gironde Jean-Luc Gleyze, candidat à sa succession.

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Marta Le Nair est également candidate aux régionales, sur la liste conduite par Edwige Diaz.

Vendredi, le RN de Gironde a “réitéré sa condamnation la plus ferme de l’antisémitisme qui n’a pas sa place dans ses rangs”.

En Creuse, c’est également un candidat aux régionales, Thierry Morin, dont l’investiture a été retirée et qui fait l’objet d’une procédure d’exclusion du parti, selon le délégué départemental RN Damien Demarigny à l’AFP. L’homme a été condamné jeudi à 9 mois de prison dont six avec sursis pour violences conjugales. Déjà condamné à deux mois avec sursis en février pour menaces de mort contre une ex-épouse, il a été placé en détention.

Le responsable creusois a précisé à l’AFP que les sanctions avaient été prises avant procès, après avoir été mis au courant des faits. “Je ne peux accepter un candidat ayant perpétré des violences conjugales, a-t-il dit. Les faits eux-mêmes m’ont suffi pour le désinvestir.”

Agression sexuelle sur mineur

Il n’était pas au courant des faits antérieurs, a-t-il ajouté, n’ayant accordé l’investiture que sur le “déclaratif”, après avoir rencontré le candidat pendant quatre heures.

Ces derniers jours, deux autres candidats de Nouvelle-Aquitaine ont été sanctionnés : Geneviève Veslin (départementales, Creuse), après des propos racistes et antisémites sur les réseaux sociaux, et Danièle Delavaud (départementales, Corrèze), pour des propos à caractère raciste.

Dans les Ardennes, la même sanction a été prise contre Éric Dureux (canton de Sedan-3) après la révélation par France 3 Ardennes que cet ex-militaire quinquagénaire, déjà candidat RN aux départementales en 2015, avait été condamné en mars 2017 à 8 mois de prison avec sursis et à une inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS) pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans. 

Le RN a indiqué dans un communiqué “découvrir aujourd’hui” cette condamnation, “cachée à la Commission nationale d’investiture”, “pour des faits extrêmement graves”. Une procédure d’exclusion est en cours. “Je ne suis plus candidat”, a déclaré Éric Dureux, cité par le quotidien L’Ardennais, affirmant avoir “payé sa dette” et sollicitant “le droit à l’oubli”.

En Île-de-France vendredi, l’équipe de Valérie Pécresse, candidate sortante (Libres!, ex-LR) à la tête de la région, a dénoncé la présence sur les listes de Jordan Bardella (RN) de plusieurs candidats ayant tenu des propos relevant de la “haine des musulmans”, de “l’antisémitisme” et du “racisme”, notamment “contre les Chinois”, sur les réseaux sociaux.

Contacté par l’AFP, Jordan Bardella, a dénoncé “des boules puantes”, “mensongères et scandaleuses”, lancées par Valérie Pécresse.

Pour le politologue Jean-Yves Camus, interrogé par l’AFP, la présence de ce genre de candidats montre soit “un manque de personnel – on racle les fonds de tiroir pour remplir les cases”, soit “la persistance à l’intérieur du mouvement d’individualités qui n’ont pas bien compris ce qu’était la dédiabolisation”.

Marine Le Pen a œuvré, dès son arrivée à la tête du FN (devenu RN) en 2011, à dédiaboliser le parti des accusations d’antisémitisme et de racisme, jusqu’à exclure son père du parti en 2015 pour ses dérapages sur la Shoah.

Konbini news avec AFP