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La Rochelle explique désormais son passé négrier dans ses plaques de rue

La Rochelle explique désormais son passé négrier dans ses plaques de rue

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© Alf via Getty Images + panneaux via www.larochelle.fr

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Pour le maire de la ville, "ce n'est pas de la repentance, c'est de la connaissance".

À partir de ce lundi, sept rues de La Rochelle, une des villes à l’origine de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, seront dotées de plaques explicatives de leur dénomination, en référence à son passé négrier.

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“Ce n’est pas de la repentance, c’est de la connaissance”, a expliqué à l’AFP le maire DVG Jean-François Fountaine de cette ville de Charente-Maritime.

Depuis 1982 et l’ouverture de son musée du Nouveau Monde, La Rochelle, “un des plus anciens ports négriers français” selon Mickaël Augeron, historien et enseignant à l’université de la ville, a choisi d’assumer son ancienne participation au commerce d’esclaves.

Ces plaques sont néanmoins une première. En arpentant la rue de l’Armide, entre le Vieux-Port et le bassin des Chalutiers, les passants pourront ainsi découvrir, de manière permanente, qu’“en 1749, le navire l’Armide est armé à la traite négrière par Pierre Gabriel Admyrauld. Armide est une magicienne musulmane, personnage de la Jérusalem délivrée du poète italien Le Tasse”.

Plus loin dans la ville, une nouvelle plaque rappelle que “Daniel Garesché (1739-1811), armateur du comté de Forcalquier, le plus gros navire négrier rochelais, est élu maire en 1791. Ruiné par les révoltes de Saint-Domingue (Haïti), il est contraint de se démettre de ses fonctions en 1792”.

420 navires partis de La Rochelle pour le commerce triangulaire

À l’inverse, certaines plaques rétablissent la vérité. Comme par exemple le fait que le naturaliste et philanthrope Louis-Benjamin Fleuriau n’a jamais participé à la traite des Noirs, contrairement à la croyance locale, ce sont ses aïeux qui s’y sont livrés.

Entre le XVIe et le XIXe siècle, 420 navires sont partis de La Rochelle pour le commerce triangulaire. Et 130 000 esclaves ont été déportés des côtes d’Afrique vers Saint-Domingue avec en retour du sucre brut, conduisant à un effroyable bilan humain sur lequel a été bâti un XVIIIe rochelais prospère.

L’apogée du commerce se situe entre 1720 et le décret d’abolition de l’esclavage le 29 août 1793. Après la Révolution française, le commerce triangulaire entre la France, le golfe de Guinée et les Antilles a continué épisodiquement jusqu’au décret d’abolition définitive de l’esclavage porté par Victor Schoelcher le 27 avril 1848.

Comme La Rochelle, 21 villes, agglomérations ou régions de France ont choisi de regarder leur passé en face en créant la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, dont Nantes, Bordeaux, Brest, Paris, Saint-Denis de la Réunion, la région Guadeloupe.

À quelques kilomètres, Rochefort a également connu une activité négrière, mais moindre. Et de 1817 à 1846, “il y a eu une traite illégale française, surtout depuis Bordeaux et Nantes”, rappelle Mickaël Augeron. 

Konbini news avec AFP