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Émilie, infirmière en unité Covid-19 : “Je ne pense pas qu’une prime changera quand chose à notre quotidien”

Émilie, infirmière en unité Covid-19 : “Je ne pense pas qu’une prime changera quand chose à notre quotidien”

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© Konbini News / Nicolas TUCAT – AFP

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Par Constance Derouin

Publié le

Changer de tenue de protection 60 à 80 fois par jour, être pédagogue face à certains patients, voici le quotidien d’Émilie.

Émilie est infirmière depuis trois ans, dont un passé en unité Covid-19.

Son quotidien est rythmé par l’apparition de nouveaux variants, les entrées de nouveaux patients contaminés par le Covid-19, leur basculement vers la réanimation. S’il s’agit de sa troisième année dans la profession, Émilie avouait n’avoir, jusque-là, jamais été confrontée à la mort d’une manière si frontale.

Aujourd’hui, elle constate une majorité de patients fragiles et de personnes non-vaccinées au sein de l’unité Covid-19, service d’hospitalisation entre les urgences et la réanimation. 60 à 80 fois par jour, elle enfile, enlève et remet masques FFP2, gants, blouses et surblouses, charlottes, lunettes de protection. Elle insiste sur la nécessité pour elle de comprendre ceux qui n’ont pas fait la démarche de la vaccination. Comprendre, discuter, expliquer ce qu’elle observe au sein du service depuis désormais un an. Non pas persuader, mais informer avec pédagogie les patients réticents, pour espérer les orienter vers un schéma vaccinal, une fois sortis d’hospitalisation.

Le quotidien de cette infirmière n’est finalement pas uniquement médical, il est également imprégné d’enjeux sociaux et politiques lorsqu’il s’agit d’accueillir des patients non-vaccinés dans un état critique, mais qui auraient pu, au vu de leur âge, ne pas développer de forme grave. La vaccination de ces patients aurait pu éviter une saturation du service et la fermeture de lits de médecine générale : le refus individuel de la vaccination influence la prise en charge de patients aux pathologies non liées au Covid.

La jeune femme n’émet aucun jugement envers les non-vaccinés et insiste d’ailleurs sur l’attention particulière qui leur est portée en raison d’une dégradation plus rapide qu’un patient vacciné. L’infirmière n’hésite cependant pas à se positionner sur les récentes annonces gouvernementales et la prime mensuelle de 100 € dont elle pourra bénéficier : selon elle, les actions sont à réaliser au sein des hôpitaux, en augmentant le nombre de lits par service notamment.