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Un jeune homme migrant meurt en tentant de traverser la Manche

Un jeune homme migrant meurt en tentant de traverser la Manche

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Image d’illustration : mer Méditerranée, 2019. © Darrin Zammit Lupi / REUTERS

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Une enquête pour homicide involontaire a été ouverte.

Vendredi, deux mois après la mort tragique de 27 migrants au large de Calais, un exilé a de nouveau perdu la vie en tentant de rallier l’Angleterre. Il s’agit du premier décès enregistré dans la Manche en 2022, nouveau signe que les tentatives de traversée ne faiblissent pas.

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Selon les premiers éléments, la victime est un jeune homme d’une vingtaine d’années de nationalité soudanaise, a précisé à l’AFP le procureur adjoint de Boulogne-sur-Mer, Philippe Sabatier. Une enquête pour homicide involontaire a été ouverte et confiée au commissariat de Berck, dans le Pas-de-Calais.

Ce décès de migrant est le premier dans la Manche en 2022. Le bilan de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar) en 2021 fait état de 30 morts et quatre disparus, dont 27 migrants décédés le 24 novembre lors du naufrage de leur embarcation au large de Calais, le pire drame survenu sur cette voie migratoire.

Panne de moteur

Le migrant décédé vendredi avait pris la mer, par temps clair et dans des eaux calmes, au large des plages de Berck avec 32 autres exilés originaires du Soudan, d’Érythrée et de Syrie, qui ont tous été secourus, mais en état d’hypothermie, selon Philippe Sabatier.

D’après les témoignages des rescapés, une panne de moteur s’est déclarée très rapidement près de la plage. Le bateau s’est alors éloigné avant d’être ramené progressivement vers la rive par les vagues, a expliqué le magistrat.

Mais l’embarcation étant ballottée par les vagues, trois migrants sont tombés à l’eau et deux seulement sont parvenus à remonter à bord. Le troisième est décédé, probablement par noyade, selon un premier examen réalisé vendredi. Une autopsie doit avoir lieu la semaine prochaine, a précisé cette même source.

Selon un communiqué de la Prémar, vingt-cinq des naufragés ont été remorqués dans leur embarcation par un bateau des secours et cinq “récupérés sur un banc de sable par les pompiers”. Deux autres ont été retrouvés à terre.

D’après le sous-préfet de Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais), Frédéric Sampson, présent sur place, les migrants se sont vus offrir “du café, des baguettes, des vêtements secs” une fois de retour au sol. Ils ont ensuite été auditionnés par la police aux frontières, avant d’être conduits en bus, pour ceux qui le souhaitaient, au Centre d’accueil et d’examen des situations (CAES) de Croisilles (Pas-de-Calais) pour être “mis à l’abri”.

“Pas d’effet naufrage”

Amnesty International a dénoncé dans un communiqué une “tragédie” d’autant plus “insupportable” que les gouvernements refusent “des deux côtés de la Manche” de répondre “aux besoins et aux droits des personnes contraintes de tenter ces dangereux voyages”.

Les traversées de la Manche à bord de petites embarcations ont atteint en 2021 un nombre record, à plus de 28 000 personnes, selon l’agence de presse britannique PA. Le phénomène qui s’est fortement développé depuis 2018 face au bouclage du port de Calais et d’Eurotunnel, que les migrants empruntaient en se cachant à bord de véhicules, empoisonne les relations entre Londres et Paris.

Les tentatives de traversée, qui avaient atteint un pic à l’automne, se poursuivent malgré l’hiver dans ce secteur maritime, l’un des plus fréquentés au monde.

Sur le seul mois de décembre 2021, 130 “évènements” ont été recensés, selon la préfecture du Pas-de-Calais : 72 tentatives de traversée interceptées par les autorités françaises et 58 traversées arrivées en Grande-Bretagne. Un an plus tôt, 44 “évènements”, soit trois fois moins, avaient été comptabilisés : 28 tentatives de traversée interceptées et 16 arrivées en Angleterre.

Le drame du 24 novembre, qui avait entraîné une forte émotion dans l’opinion, n’a pas limité les tentatives de traversées, conduites par des réseaux de passeurs de plus en plus professionnalisés. “Il n’y a pas eu d’effet naufrage”, résume le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras.

Konbini news avec AFP